SsangYong Chairman

SsangYong, si ce nom vous est familier c’est sans doute grâce aux 4×4, SUV et pick-up qui sont vendus en France chaque année à une poignée d’exemplaires. Pour être à la fois à la mode et original, vous savez quoi faire. Mais si vous voulez vraiment être unique, même dans son pays d’origine, je vous propose une limousine SsangYong, la Chairman !

Son nom a le mérite d’être clair, cette SsangYong n’est pas destinée au petit peuple mais aux grands dirigeants. Et dans les années 90, d’autant plus en Corée du Sud où les marques locales ne bénéficient pas encore de la réputation de maintenant, quel constructeur représente le mieux le prestige ? Correct, Mercedes. C’est donc vers l’Allemand que se dirigeront les dirigeants de la marque aux dragons jumeaux (traduction de SsangYong). Ainsi, la plateforme de la Classe E W124 leur est fournie afin de réaliser leur propre grande berline. C’est ainsi que naquit la toute première Chairman, en octobre 1997.

Le dessin est largement inspiré de sa matrice et pour cela, le Stuttgartois demandera à SsangYong de ne pas empiéter sur ses platebandes dans la plupart de ses gros marchés (dont l’Europe). Deux moteurs sont au choix au lancement, deux 6 cylindres en ligne de 2,8L et 3,2L pour respectivement 197 et 220ch. Pour une grande berline dépassant les 5m cela parait juste, mais pas pour SsangYong qui ajoutera à son catalogue un petit 4 cylindres 2,3L de 150ch. Comme si cela ne suffisait pas, une boîte automatique à 4 vitesses seulement représente l’entrée de gamme, associé à ce petit moteur. Heureusement, on peut aussi opter pour une unité à 5 rapports, sur toute la gamme.

Pour les grands gabarits, ou les amateurs de siestes sur les sièges arrière, une version longue s’étend de 30cm pour un total de 5,36m ! Conscient des limites de puissance de leurs moteurs, cette dernière version n’est proposée qu’avec le « gros » 3,2L. Contrairement à la Hyundai Dynasty, l’augmentation de longueur se fait grâce à un élargissement du montant B, la partie entre les 2 portes, et non sur les portes arrière.

Quasiment aux débuts de la production, en 1998, une sœur apparait chez Daewoo, le temporaire possesseur de SsangYong. Le principal changement sera un calandre maison qui casse un peu le côté Mercedes de la Chairman. L’idée était de palier à des ventes faibles en dehors des frontières du pays, dû à la qualité relative de l’engin associée à un nombre réduit de concessions.

En 2001, la Chairman passe sous le bistouri afin de se faire refaire les lèvres. Pour ceux qui ne saisissent pas cette métaphore de haut niveau, je parle de la calandre, qui perd son logo SsangYong et gagne une barre verticale pour se rapprocher encore plus d’un design Mercedes. De minimes changement de technologies, comme des capteurs de pluie intégrés aux essuie-glaces, apparaissent.

Tout cela n’est qu’une préparation au grand saut de 2003, qui voit l’arrivée d’un vrai gros restylage. Les principaux changements concernent les phares et feux, qui s’éloignent de leur inspiratrice allemande. Un petit côté baroque apparait, à la manière des concurrentes coréennes de l’époque. L’intérieur profite d’améliorations de finition et de nouveaux équipements comme un tableau de bord numérique qui remplace l’ancienne version analogique. La gamme de motorisations est reprise telle quelle du modèle antérieur, mais le 4 cylindres se débarrasse de l’affreuse boîte automatique à 4 vitesses. La longueur augmente d’une dizaine de centimètres et une proposition étendue de 30cm est toujours présente.

En 2006, on dit adieu définitivement au 4 cylindre, peu goûté de la clientèle, malgré un tarif alléchant, et on dit bonjour à un tout nouveau 6 cylindres 3,6L de 248ch. La version longue dispose dorénavant de 2 choix moteurs, à savoir les 2 plus puissants.

Cette « nouvelle génération » de Chairman sera commercialisée…en Corée du Nord, sous le nom de Pyeonghwa Zunma (coursier ou bon cheval en Français). Trop luxueuse pour le pays communiste fermé sur lui-même, tout ce qui s’apparente à du bois ou un beau matériau sera remplacé par du plastique ou du tissu. Comme d’habitude avec les informations issues de ce pays, les détails sont à prendre avec des pincettes, mais la motorisation serait un Fiat 2,8L de 207ch.

Le temps passe et en 2008, la Chairman se voit accoler un H (pour High Owner) à son nom et sa gamme est réduite aux 2 6 cylindres de 2,8L et 3,2L. La version longue disparait également. Rétrospectivement, on parlera de H pour désigner toute la première génération de Chairman, ou W100 (tiens, ça sonne Mercedes). Cette précision dans le nom ne sort pas de nulle part. Cette année là apparait une nouvelle génération de Chairman, appelée W (nom de code W200). Ces deux lettres, H et W serviront donc à distinguer les 2 modèles.

Mais ce n’est pas pour autant que la route s’arrête pour la première génération de Chairman. Comme on l’a vu, avec l’apport du suffixe H, les ventes continuent pendant encore quelques années, avec un prix réduit (30% environ pour la version haute) et des options abandonnées pour ne pas concurrencer la grande sœur avant de…passer par un dernier restylage en 2011. Présentée au salon de Séoul, la Chairman H New Classic dépoussière quelque peu le style désuet de la H tout court. Phares à LED, prises USB, système audio haut-de-gamme n’y feront rien, la Chairman H a fait son temps et disparait en décembre 2014 après de faibles ventes.

Depuis 2008, celle qui tient le rôle de porte-étendard chez SsangYong, c’est la Chairman W. Dérivée assez largement d’un concept de 2007, la WZ (pour World Zenith), elle s’en éloigne fortement esthétiquement, et ce n’est pas plus mal. Pour un concept car, la WZ est étrangement fade, sans grand trait de personnalité. Tout juste remarque-t-on les feux arrière qui singent ceux d’une 350Z. Mais comme je l’ai dit plus haut, la Chairman W ne reprend pas les éléments de style du concept, mais retournent plutôt, une fois de plus, du côté de chez Mercedes. Pour dire, on croirait la face avant reprise telle quelle d’une Classe S W221 sortie quelques années auparavant. L’arrière est plus personnel quoique l’on pourrait croire les feux arrière venus d’une ancienne Audi A6.

En tout cas, cela fait statutaire, la longueur dépassant toujours allégrement les 5m. La marque a pris note de ses erreurs du passé, s’il faut ressembler à une Mercedes, alors il faut le faire jusqu’au bout. Et par bout, j’entends les entrailles. Pour la première fois en Corée une berline s’équipe d’un V8, de 5.0L de cylindrée pour 306ch. Un second choix de moteur est disponible au lancement, un 6 cylindres 3,6L, le même que dans la Chairman de la période 2003-2008. Un troisième choix viendra dans la même année compléter le tableau, un 6 cylindre de 3.2L pour 225ch. Cette Chairman W devient la berline la plus cher de Corée en étant la première à dépasser les 100 millions de wons (environ 74 000€).

En plus de ce nouveau moteur V8, la Chairman W étrenne pour la première fois une transmission intégrale, disponible sur le 3.6L. Une limousine rallongée de 30cm est toujours présente, avec le 3 .6L et le V8, mais uniquement en propulsion. Enfin, la boîte de vitesse est une unité automatique moderne, à 7 vitesses, de provenance Mercedes. De quoi enfin associer ramage et plumage.

Pour la dernière (longue) ligne droite de sa carrière, à partir de 2011, la Chairman W reçoit un restylage efficace qui gomme la ressemblance avec une Mercedes sur la calandre, et donne un peu plus de stature à l’arrière avec des feux qui mordent sur le coffre. Afin d’étendre la gamme, les 4 roues motrices deviennent disponibles pour le 3.2, mais toujours pas le V8, soit disant pour des contraintes d’espace ! Un lot d’améliorations de confort et technologiques arrive, avec par exemple les vitres à double feuilletage ou les clignotants à LED.

C’est qu’il faut tenir jusqu’en décembre 2017 où SsangYong cesse de produire la Chairman, dont les stocks finiront de s’épuiser en 2018. Depuis son restylage jusqu’à son départ en retraite, diverses améliorations auront été apportées au véhicules, jantes diamantés 19 pouces, sièges avant ventilés, … Une nouvelle finition rappellera même les « origines » germaniques du modèle, avec l’introduction de la Kaiser, qui reprendra un emblème d’aigle et une décoration intérieure plus luxueuse.

A conduire et à vivre, ce n’est pas plus mal finalement que la Chairman n’ait jamais posé ses roues chez nous. Elle y aurait sûrement fait un bide, son comportement routier étant plus proche de ce qu’attend une clientèle américaine, si vous voyez ce que je veux dire. Mieux vaut ne pas rentrer dans un virage comme un dingue sous peine de tirer tout droit avec un roulis que ne renierait pas un bateau de croisière. La finition n’est pas non plus aux standards de la catégorie sur notre continent, et une pratique tarifaire agressive n’y aurait rien changé.

Pour en voir il faudra donc se rendre au pays du matin calme ou…en Chine ou un modèle badgé Roewe verra le jour d’abord vu sous le nom 850 puis 95 et 95L pour la version longue. Les moteurs retenus seraient respectivement le 3.2L et le 3.6L. Décidément, SsangYong aime s’acoquiner avec les pays communistes !

Si la Chairman a définitivement quitté les concessions en 2018, il se pourrait qu’elle revienne bientôt sous les traits d’un SUV de luxe. SsangYong surferait donc sur la tendance et pourrait bénéficier de son savoir-faire dans le domaine.

PS : Pour être vraiment ultra pointu, on parle de W100 pour la première génération de Chairman et on découpe son règne en W100 (1997-2003), W150-167 (2003-2008) et W185 (2008-2011), W190-192 (2011-2015). Pour la W200, le découpage est le suivant : W200-205 (2008-2011) et W220-222 (2011-2016), W Kaiser (2016-2017).


Références :

https://www.ssangyong.fr/histoire-ssangyong/

https://www.theguru.co.kr/news/article.html?no=11532

https://www.histo-auto.com/fr/actualite/254/pyeonghwa-motors-bagnole-made-in-north-korea

https://www.moniteurautomobile.be/essais-auto/premier-essai/ssangyong-chairman-w-kaiser.html

https://www.chinesecars.net/content/zunma

https://chinacarhistory.com/2018/09/26/the-story-of-the-roewe-r95-a-mercedes-powered-korean-chinese-limousine/

https://www.chinacarforums.com/threads/roewe-luxury-sedan-chairman-based.5572/

https://en.wikipedia.org/wiki/SsangYong_WZ

https://de.wikipedia.org/wiki/Pyeonghwa_Zunma

https://de.wikipedia.org/wiki/SsangYong_Chairman

https://ko.wikipedia.org/wiki/%EC%8C%8D%EC%9A%A9_%EC%B2%B4%EC%96%B4%EB%A7%A8

https://en.wikipedia.org/wiki/SsangYong_Chairman#Chairman_W_(2008%E2%80%93present)

https://namu.moe/w/%EC%8C%8D%EC%9A%A9%20%EC%B2%B4%EC%96%B4%EB%A7%A8

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