Riga Motor Museum

Nous sommes en automne 2019, je suis probablement en train de me tourner les pouces chez moi. Un ami m’envoie par WhatsApp un lien vers une vidéo Youtube. Il s’agit d’une vidéo promotionnelle d’un événement de drift qui se déroule à Riga, en Lettonie. C’est bien monté, ça donne vraiment envie, banco, je suis partant. Je regarde sur internet les vols. Re-bingo, il y a une liaison directe entre chez moi et la capitale lettone. En plus l’épreuve a lieu en plein été, de quoi passer un moment sympa et en profiter pour explorer une ville (et a fortiori un pays) que je ne connais absolument pas. Au fil des mes recherches, je découvre qu’à deux pas du circuit se trouve un musée automobile. C’est parfait !

It’s Riga baby !

Les billets sont pris, ainsi que le vol réservé. Y a plus qu’à. Sauf que nous sommes en 2020 et que se déclare une épidémie mondiale qui bouleversera tous mes plans. J’étais notamment sensé me rendre pour la première fois à Goodwood, pour le célèbre Festival of Speed. Poubelle (ce n’est que partie remise, on se retrouve en 2021). Mon voyage à Riga est aussi impacté, la compétition étant décalée de 2 semaines. Au moins n’est-elle pas annulée pour l’instant. Le temps passe et pas d’annulation en vue, chouette ! En fait, il se trouve que l’événement sur lequel je me rends est une manche du championnat européen de drift, dont Riga est la seule et unique date en 2020 ! Quel pot.

J’arrive donc sur place vendredi en fin d’après-midi. C’est l’été, je me permets donc de flâner dans le centre-ville (très mignon) avant de me reposer pour la compétition, prévue le lendemain. Pour s’y rendre, direction l’arrêt de bus. Heureusement, je m’étais procuré un ticket valable plusieurs jours. Cela m’a évité bien des soucis, ne parlant pas vraiment letton et les lettons ne parlant pas vraiment anglais. On sort du beau centre-ville de Riga pour se diriger vers le circuit, dans une zone pour le coup beaucoup moins intéressante. Crise du COVID oblige (je me laisse supposer que ce n’est pas tout le temps comme cela), les gradins sont clairsemés. Au moins n’aurais-je que le choix de mon placement. Le soleil cogne et pas toutes les places sont à l’abri de celui-ci.

Ma première fois sur une épreuve de drift

La journée passe ainsi dans la bonne ambiance et le soleil baltique. Retour en bus, pour de nouveau revenir au même endroit le lendemain. Pour être franc, je ne m’attendais à rien de spécial en arrivant. Sans doute avais-je le cliché d’un pays plutôt pauvre, dont les musées ne devaient pas être plus intéressant ? En arrivant devant le bâtiment, bonne surprise. Il semble assez moderne et ne jurerait pas dans nos contrées.

Une façade en hommage à Rolls-Royce

A l’intérieur, peu de monde, ce qui permettra une visite tranquille. Inutile d’attendre des heures pour prendre une simple photo. On commence au premier étage (oui, en Lettonie, le rez-de chaussée est l’étage 1, et le sous-sol l’étage 0, perturbant) avec une variété de modèles ponctuant les premières années de l’histoire automobile. Les différents panneaux (en anglais, je ne sais toujours pas parler letton au bout d’un jour) sont clairs, au look moderne. Les textes ne sont pas trop longs pour que l’on n’en ait pas marre au bout de 2, et les histoires racontées sont intéressantes. On apprend par exemple quels sont les jalons qu’il y a eu entre le vélo et la moto.

Du cycle à la moto

Le modèle classique utilisé pour représenter les débuts de l’automobile, la Benz Patent Motorwagen, est bien là (en réalité une réplique), ainsi qu’une Ford Model T. Mais bon, je ne suis pas venu aussi « loin » pour voir de telles banalités (humour). On trouvera ainsi parsemer le long du chemin des références à la Lettonie, que ce soit des modèles produits sur place ou ayant un quelconque rapport avec le pays. On en apprend ainsi plus sur ce pays et sa culture automobile. Prenons par exemple cette rare Krastin, marque sise aux Etats-Unis mais fondée par Augusts Krastiņš, un natif de Liepāja sur la côte lettone. Approximativement 10 automobiles sont sorties des usine Krastin avant qu’un incendie mette fin au rêve d’Augusts. Pourtant, les débuts étaient ingénieux : 12 brevets déposés, avec des technologies inédites telles que des bougies d’allumage autonettoyantes !

Des facts amusantes et/ou éducatives parsèment également le musée (voir photos). De quoi apprendre sans avoir l’impression de lire un dictionnaire. Des petites maquettes sont également là pour montrer le fonctionnement de diverses pièces constituant l’épine dorsale d’une voiture (transmission, moteur, …).

Au premier étage on trouve entre autres modèles une splendide Selve 12/50 PS de 1928, une mignonne Renault 10CV de 1928, une imposante Lincoln V12 1934, une Packard Eight 1934, un exemplaire de chaque marque à l’origine d’Auto Union (Audi, DKW, Horch et Wanderer) et bien d’autres encore. Quelques motos sont aussi présentes, ainsi que divers objets associés au monde automobile.

En montant au 2ème étage (qui est en fait le 1er si vous avez bien suivi), on trouve un espace consacré majoritairement aux voitures issues du bloc de l’est : ZIS, GAZ, ZIL et autres acronymes poétiques. Un exemple est cette superbe ZIS 110B de 1950. Dotée d’origines américaines (les soviétiques ont négocié l’acquisition de chaînes de montage Packard), cette 110B servira aux officiels du parti communiste. Il s’agit d’une déclinaison ouverte de la 110, utile afin de parader dans les rues de Moscou.

Une partie de l’étage est réservée au sport automobile avec la présence de 3 monoplaces de marque Estonia (pourquoi se compliquer la vie ?), d’une ZIL 112S (V8 6L 240ch ! En 1963 en Union Soviétique !) et d’un totalement inconnu pour moi véhicule du Paris Dakar, la Oscar 01.

Mais la perle de cet étage est incontestablement cette sublime Auto Union V16 Type C/D de 1938, dont l’histoire de l’acquisition par le musée de Riga est expliquée sur place (ainsi que dans l’article en référence). Il ne s’agit malheureusement pas d’une 100% originale. Mais l’on sent la fierté des lettons et du musée de posséder et exposer ce bijou effilé et affuté, jalon de la course automobile allemande.

On y trouve également encore une fois des motos et d’autres objets du quotidiens produits en Lettonie. Je vous laisse le plaisir d’en découvrir plus en photo et sur place.

L’étage 0 (le sous-sol) est celui des utilitaires, camions et camionnettes. A commencer par cette Russo-Balt D24/40 des pompiers, rouge comme il se doit. On trouve également des Renault, Studebaker, Henschel mais surtout un bel assortiment de camionnettes RAF au style délicieusement rétro.

Deux témoins de la culture auto lettone sont exposées, deux Ford-Vairogs. Il s’agit de modèle du constructeur américain, produits sous licence à Riga entre 1936 et 1940, avant que l’Union Soviétique prenne le contrôle et nationalise l’usine. Les 2 modèles présentés sont une Junior, copie de la Ford Prefect, et une V8 Standard, issue de la Ford V8 92A. Durant ces années de vie, l’usine Ford-Vairogs produisit 332 autos, 200 bus et 1000 camions.

Une dernière lichette de voitures européennes et américaines trouve place à leurs côtés, Cadillac Fleetwood 1937, Audi 920 1940, ainsi qu’une extravagante Rolls-Royce Silver Spirit couverte de cuir de crocodile à l’intérieur. Les jantes de cette dernière sont même plaquées or, ainsi que la Spirit of Ecstasy ! Un exemple de bon goût… Voici que ce fini ce petit tour de ce merveilleux musée où la culture et l’amour de l’automobile transpirent. Le look est loin d’être austère, les espaces aérés, les descriptifs clairs, concis et instructifs. Je ne poste volontairement pas l’ensemble de ce que l’on peut voir sur place, espérant vous avoir donné envie de planifier un petit voyage sur place. Cela en vaut vraiment la peine, allez-y les yeux fermés (enfin pas trop hein) !


Références :

https://timenote.info/en/August-Krastin

https://fr.wikipedia.org/wiki/ZIS_110

https://en.wikipedia.org/wiki/Auto_Union_racing_carshttps://en.wikipedia.org/wiki/Ford-Vairogs

2 commentaires sur « Riga Motor Museum »

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