SMZ S-3D

Cela faisait très longtemps que je voulais parler de modèles et de marques russes/soviétiques. Tout un territoire de la taille d’un continent avec une si riche histoire automobile. Mais je n’ai jamais su par où commencer. Trop de choix, et bien souvent des informations chiches provenant d’une époque révolue. Et comme bien souvent c’est en regardant une vidéo que j’ai trouvé l’inspiration. En déambulant dans des petites rues d’Arménie, le vidéaste tombe nez-à-nez avec un modèles inconnu et au format 3/4. Il n’en fallu pas plus pour attiser ma curiosité et, grâce aux commentaires, j’ai pu trouver qu’il s’agissait d’une SMZ S-3D.

SMZ…SMZ… Ça a beau ressembler à toutes les marques issues du bloc de l’Est (ZAZ, GAZ, bref tous ces noms en Z), je suis à peu près sûr d’avoir déjà entendu ça quelques part. Petit tour dans ma liste personnelle de fichiers photos et bingo, une SMZ à bien déjà croisé ma route, ou plutôt moi la sienne, puisqu’il s’agissait d’un modèle en exposition au musée automobile de Riga. Mais là, il s’agissait d’une S-3A, pas d’une S-3D. Celle-ci reste donc bien une pure inconnue.

En réalité, la S-3D est le modèle qui remplacera la S-3A à partir de 1970. Toutes deux font partie de la catégorie des microcars. Le but de la S-3D était de gommer le principal défaut de sa devancière, l’absence de toit en dur. Pour cela, de nombreux prototypes ont été développés et testés durant les années 60 avant de donner naissance à la S-3D.

L’auto dispose, dans ses 2,6m de long, suffisamment d’espace pour 2 personnes. La carrosserie, entièrement en métal, couvre donc ces derniers, mais est en contrepartie responsable d’un certain embonpoint, environ 500kg ! La motorisation IZH-P2 n’aide pas vraiment, le petit monocylindre de moto 2 temps à carburateur ne disposant que de 12ch seulement. L’année suivant sa sortie, en 1971, un « plus puissant » IZH-P3 le remplace mais ce ne sont pas les 2ch supplémentaires qui changeront grand-chose à l’affaire. Le moteur nécessite pour son fonctionnement un ajout d’huile à l’essence pour la lubrification et le constructeur préconise l’utilisation…d’huile pour avion de haute qualité, pratiquement introuvable. Les possesseurs de l’auto feront donc avec les moyens du bord et pas toujours dans les bonnes proportions, ce qui n’aidera pas à en tirer le maximum des capacités.

Non, la S-3D n’est pas une voiture de course. Elle n’est pas conçue pour cela. Elle consomme, est bruyante et atteint péniblement une vitesse de pointe ridicule. Alors à qui s’adresse cette voiture que même les soviétiques regardaient avec dédain ? Tout simplement à une catégorie de population bien spécifique : les handicapés. Si l’on faisait partie de la catégorie handicapé du premier groupe (les anciens combattants notamment), la voiture était distribuée gratuitement par l’intermédiaire des agences de sécurité sociale ! Pour les autres catégories, les intéressés devaient débourser un certain pourcentage du prix, en fonction de leur classement. A titre d’exemple, à la fin des années 80, une S-3D coûtait 1100 roubles et un handicapé de catégorie 3 n’en payait que 20% soit 220 roubles. Plutôt sympa le communisme !

Cette particularité donna à la voiture le surnom de invalidka, plutôt parlant, puisque officiellement les valides ne pouvaient pas s’en porter acquéreur. Les invalidka était « prêtées » pour une période de 5 ans à ceux qui en faisaient la demande. A la moitié de cette période, une révision gratuite était effectuée. Au bout des 5 années, le conducteur s’en voyait offrir une nouvelle. Les organismes de sécurité sociale se chargeait d’une éventuelle formation au besoin.

Cela remet pas mal en perspective l’apparent ridicule de l’auto quand on pense que le but est de motoriser massivement des personnes qui, sans elle, n’auraient guère put être mobiles. A bien y regarder, l’invalidka n’a rien d’une voiture au rabais, plutôt une voiture où l’argent a été investi de manière intelligente. Comme on l’a vu précédemment, la carrosserie n’est pas en plastique ou en fibre de verre mais bien en métal. Les petites roues sont équipées de gros pneus à crampons, idéal pour les chemins de campagne. L’auto ne dispose pas d’une marche arrière mais celle-ci est enclenchée par un levier séparé, combiné à une des 4 vitesses de la boîte manuelle à fonctionnement séquentiel. Une version S-3E était même conçue pour les personnes ne pouvant plus conduire qu’avec une main et une jambe.

Au final, sur les 27 ans de production de l’auto, 223 051 exemplaires d’invalidka verront le jour à une cadence allant jusqu’à 20 000 par an en pic. Évidemment, avec nos yeux français du XXIème cette petite voiture peut prêter à sourire mais ce qu’il faut retenir c’est l’intention derrière le projet. Donner de nouvelles libertés à des personnes qui en ont besoin, l’esprit même du vrai communisme !


Références :

hattps://en.wikipedia.org/wiki/SMZ_cyclecar

hattps://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%A1%D0%9C%D0%97_%D0%A1-3%D0%94

hattps://mixnews.lv/men/2020/06/22/1751074/

Un avis sur « SMZ S-3D »

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer