Lancia Flavia

La période qui s’étend de la disparition de Chrysler en Europe jusqu’au quasi décès de Lancia (présent uniquement en Italie pour le moment, en attendant sa relance) a engendré quelques bizarreries qui, en tant qu’amateur, ne peuvent que m’intéresser. Tout le monde se souviendra par exemple du gros monospace Voyager qui reprendra le blason italien, ainsi que la berline 300C qui suivra le même chemin mais en changeant de nom pour devenir Thema. Il en va de même étrangement dans l’autre sens, au Royaume-Uni, où la citadine Ypsilon ainsi que la compacte Delta troqueront leur blason Lancia pour les ailes de Chrysler. Allez comprendre. Mais il y en a une qui était totalement sorti de mes radars et qu’une balade dominicale m’a remise en mémoire, c’est la Lancia Flavia.

Du temps où tout allait bien dans le meilleur des mondes (c’est-à-dire avant la crise de 2008) Chrysler commercialisait encore en Europe sa gamme. On se rappelle de sa collaboration avec le groupe Daimler qui apportera la flamboyante Crossfire. De l’autre côté du spectre, on a aussi eu le droit à la très oubliable Sebring, en berline comme en cabriolet. Mais la situation est mauvaise pour la marque, qui se sépare de son allié allemand aux prémices de la crise financière. La gamme se réduit à peau de chagrin et la marque se voit contrainte de quitter l’Europe. Elle n’y aura jamais réellement performé, contrairement à Ford, sûrement le seul exemple américain de réussite sur notre continent, grâce à une gamme adaptée aux goûts locaux.

La Chrysler 200 n’est ni laide ni flamboyante, elle manque juste d’un soupçon de personnalité

Quitter l’Europe ? Pas totalement. Afin de persister encore dans nos mémoires pour quelques temps, c’est Lancia, par l’intermédiaire du groupe Fiat, nouveau partenaire du groupe américain, qui se charge d’écouler les restes de Chrysler. On fait ainsi d’une pierre deux coups, en faisant disparaitre une marque peu rentable et en complétant la gamme de l’Italien, lui aussi peu en forme. A part la Delta et l’Ypsilon (sans compter la Musa en bout de course), il n’y a plus rien dans le catalogue et les ventes s’en ressentent. Ce qui est étonnant, c’est le choix d’importer la descendante de la Sebring, la 200, qui n’a jamais mis les pieds chez nous.

La Chrysler 200 n’est ni plus ni moins qu’un restylage profond de la Sebring, afin de la faire ressembler à une 300 en réduction. Elle entre dans les concessions américaines à la fin de l’année 2010 et, dès 2011, 2 concepts seront présentés à Genève, badgés Lancia. Pourquoi 2 concepts ? Parce que de manière similaire à la Sebring, la 200 est commercialisée en berline ainsi qu’en cabriolet. Cependant, des 2 propositions, seul le cabriolet posera ses roues dans les rues européennes quelques temps plus tard.

Inutile de préciser qu’entre les deux cousins, celui qui jouera au jeu des 7 différences n’arrivera peut-être pas à en dénombrer autant. Mais ce n’est pas si grave. La ligne est plutôt élégante malgré un arrière proéminent. Les standards américains sûrement. C’est malheureusement la rançon d’un toit en dur rétractable. Pourtant, la Flavia est dotée d’une capote en toile et ne propose pas l’option « rigide ». L’auto est longue de pratiquement 5m, ce qui n’aide pas dans les rues étroites de l’ancien monde.

Cela participe en revanche à la sensation d’espace à l’intérieur, chose dont peu de cabriolets européens peuvent se targuer. 4 personnes peuvent loger décemment leurs jambes sans que les passagers avant ne mangent le tableau de bord. Au passage, ce dernier n’est pas de très bonne qualité et laissera un mauvais arrière-goût. On ne retrouve pas ici les gênes italiennes, qui font passer la beauté avant la praticité. Pas non plus trop de plaisir à trouver au niveau du pilotage, qui s’apparente plus à celui d’un bateau que d’un roadster. Une partie des griefs est pour cela à mettre sur le dos des plus de 1700kg sur la balance de ce beau bébé. Accouplé à un poussif 2.4L de 170ch et à une anachronique boîte de vitesse automatique, la Lancia ne plaira définitivement pas aux amateurs de conduite dynamique. Aux States, sa sœur peut pourtant s’équiper d’un V6 de 3.6L pour une centaine de chevaux de plus.

Mais, avec une propension à boire plus que de raison, c’est finalement peut-être mieux que la Flavia se contente du 4 cylindres. Le mieux aurait été bien entendu un diesel (oui, j’ai dit ça), mais on n’allait quand même pas faire des efforts financiers pour intégrer un moteur pas prévu à la base.

Là où le sourire revient, c’est au moment de signer le bon d’achat. Proposée en finition unique avec comme seule option la peinture métallisée, la Flavia offre ses charmes contre 36 900€ (et même 4 000 de moins pour les premiers acheteurs). Pour un cabriolet proposant 4 vraies places, du cuir, bien équipé, et un blason sympa, il n’y a aucune concurrence. Une recette à succès ? Pas vraiment si je tiens compte du fait que j’ai croisé sans doute pour la première fois de ma vie une Flavia dans la rue, 10 ans après sa sortie. Les chiffres de vente font état de 450 exemplaires en Italie. Tablons qu’au total, dans toute l’Europe, on ne doit pas dépasser les 1500 exemplaires et vous avez là une rareté absolue (à peine plus de 1000 selon ce site). Quand vous en verrez une, n’hésitez donc pas à faire un vœu !


Références :

https://en.wikipedia.org/wiki/Chrysler_200

https://it.wikipedia.org/wiki/Lancia_Flavia_(2012)

https://en.wikipedia.org/wiki/Chrysler#1998%E2%80%932007:_DaimlerChrysler

https://www.autozeitung.de/fahrbericht-lancia-flavia-2-4-16v-2012-46560.html?image=0

https://www.turbo.fr/lancia/flavia/essai-auto/lancia-flavia-24-170-ch-4696

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